Source : INSEE (l'INSEE ne dispose pas d'une série officielle au-delà de 1949. Elle propose cependant un convertisseur du pouvoir d'achat franc-euros proposant une série plus longue permettant de remonter jusqu'en 1901. C'est ce convertisseur qui a été utilisé pour récupérer les données présentée ici).
Ci-dessus une représentation de l'inflation annuelle Française sur longue période (1915-2023).
En 2023 (dernière année visible sur le graphe), l'inflation a atteint +4,90% après un pic à +5,20% en 2022. Ceci après avoir atteint un point bas à +0,5% en 2020.
En définitive, une séquence certes inflationniste mais qui n'a rien à voir avec un cycle d'hyperinflation pourtant souvent évoqué dans la presse.
Données récentes sur l'inflation Française (données INSEE - août 2024)
Évolution annuelle :
- Baisse de l'inflation à +1,9% en août 2024 (contre +2,3% en juillet)
- Principale cause : un ralentissement des prix de l'énergie
- Hausse des prix des services qui se maintient à un niveau élevé
- Stabilité relative pour l'alimentation, les produits manufacturés et le tabac
Évolution mensuelle :
- Hausse des prix à la consommation de +0,6% (contre +0,2% en juillet)
- Augmentation des prix des produits manufacturés, de l'alimentation et des services
- Baisse des prix de l'énergie
- Stabilité des prix du tabac
Indice des prix à la consommation harmonisé :
- Augmentation annuelle de +2,2% (contre +2,7% en juillet)
- Hausse mensuelle de +0,6% (contre +0,2% le mois précédent)
Inflation sous-jacente (données de juillet 2024 publiées mi Août) :
Inflation sous-jacente :
- Ralentissement à +1,5% en juillet 2024 sur un an (contre +1,8% en juin)
Indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) :
- Hausse mensuelle stable à +0,2%
- Augmentation annuelle à +2,7% (contre +2,5% en juin)
En zone Euro, l'inflation (IPC) est estimée à +2,2% en août 2024 après +2,6% en juillet et surtout un pic à +10,6% en octobre 2022.
L'inflation "Core" (c.a.d. l'inflation sous-jacente) est estimée par Eurostat à +2,8% en août 2024 après +2,9% en juillet 2024 et surtout après un pic de +5,7% en Mars 2023.
Enfin, les dernières estimations d'inflation de la BCE (données publiées en Juin 2024) sont les suivantes :
- +2,5% en 2024
- +2,2% en 2025
- +1,9% en 2026
Aux Etats-Unis, l'inflation "Core" (inflation sous-jacente hors composantes volatiles) est à +3,2% en juillet 2024 après +3,3% en juin (et un pic à +6,6% en septembre 2022).
L'inflation PCE (intégrant les composantes volatiles comme l'énergie) est elle à +2,9% en juillet 2024 après +3,0% en juin (et un pic à +9,1% en juin 2022).
Nos propres anticipations en matière d'inflation :
De manière structurelle et sur le moyen/long terme :
De notre point de vue, l'essentiel du pic inflationniste était transitoire, lié à un choc d'offre et sa résorption indépendante de la réaction des banques centrales (notamment côté BCE où l'économie n'était pas en surchauffe).
La hausse importante (et à notre sens excessive côté Européen) des taux directeurs (avec le ralentissement économique qu'elle induit) a cependant abouti à un ralentissement du marché du travail et devrait à terme aboutir à une modération de la croissance et des demandes d'augmentations de salaires. Une erreur de politique monétaire d'après nous.
En effet, les investissements massifs à venir (notamment dans la transition énergétique, dans la réindustrialisation et la relocalisation de nos chaînes de valeur) sont par nature inflationnistes.
Aussi, notre conviction est que, sauf choc exogène (ou erreur de politique monétaire, malheureusement pas impossible), l'inflation Européenne devrait naturellement se stabiliser à un niveau supérieur aux 2% visés par la Banque Centrale Européenne.
La réalité est qu'un changement de paradigme (le nécessaire financement de la transition énergétique et la relocalisation de notre industrie, par nature inflationnistes) justifie à notre sens une inflation supérieure en Europe (entre 2,5% et 4%). De notre point de vue, une inflation qui se stabiliserait à ce niveau serait une véritable opportunité dont il faudrait profiter pour rétablir les équilibres et pour assainir les finances publiques (voir explications en bas d'article).
Sur le court/moyen terme :
A moyen terme, l'évolution de l'inflation dépendra pour beaucoup de l'attitude de la BCE.
Actuellement, malgré les quelques baisses des taux directeurs réalisées depuis Juin 2024, les taux sont encore très restrictifs. La politique monétaire freine donc l'activité. Le fait de baisser les taux directeurs (ainsi que la vitesse à laquelle la BCE le fait) devrait cependant aider à relancer l'activité (en la freinant moins qu'auparavant).
D'après les marchés, le taux neutre (consensuellement des taux directeurs à 2% pour l'Europe), devrait être atteint en juin 2025. Si la BCE suit les anticipations du marché, cela signifie que la BCE réduira le niveau de freinage progressivement jusqu'en juin (voire pourra aller au delà en descendant en dessous de 2% si l'activité économique nécessite un soutien monétaire).
Les politiques budgétaires (en France notamment mais également en Allemagne comme en Italie) sont également entrées en phase restrictives. Elles freinent donc également l'activité.
Par conséquent, à court terme, seul le moteur de la consommation (qui n'a pas encore véritablement redémarré) est susceptible de soutenir l'activité. Les salaires étant dorénavant supérieurs à l'inflation et les Européens ayant beaucoup épargnés. C'est avant tout l'aspect psychologique (le retour de la confiance) qui pourra agir sur ce point.
Enfin, avec la baisse des taux, le levier du crédit (immobilier, consommation, investissements) pourrait également progressivement contrebalancer les freins décrits plus haut.
A court terme, l'inflation est passée en dessous de la cible de 2% de la BCE. Il s'agit cependant d'une situation temporaire (du fait d'effets de base : retour à la normale des prix des services post JO en France et chute des prix de l'énergie). L'inflation devrait ensuite revenir vers sa cible de 2% (à notre sens insuffisante), notamment du fait de d'évolution du prix des services et de salaires encore dynamiques.
Le risque est cependant que ce retour à une inflation de 2% satisfasse la BCE alors que l'Europe (et son économie) ont besoin d'un soutien pour relancer la machine du fait d'une inflation maintenant structurellement supérieure.
Si la BCE maintient cette cible de 2%, elle étouffera l'économie avec à moyen terme un risque de déflation (le pire des maux).
Définition de l'inflation
L'inflation correspond à la perte du pouvoir d'achat d'une monnaie. Elle se traduit par une augmentation générale et durable des prix.
C'est l'indice des prix à la consommation (IPC) qui est utilisé pour évaluer le taux d'inflation.
A titre informatif, cette mesure n'est pas complète, le phénomène inflationniste couvre en effet un champ plus large que celui de la seule consommation des ménages. Ainsi, les loyers sont pris en compte dans l'élaboration de l'indice mais pas les prix de l'immobilier (les remboursements des prêts liés à l'acquisition d'un bien immobilier étant par exemple considérés comme un investissement, lesquels ne sont pas comptabilisés).
Pourquoi obtenir un historique de l'inflation sur longue période ?
L'Insee ne dispose pas de série officielle au-delà de 1949. Dès lors, les données officielles plus anciennes sont difficilement accessibles.
Or, la situation de ces dernières années (crise du covid-19 suivie de la guerre en Ukraine), par sa nature et sa profondeur présente beaucoup de similitudes avec les situations connues dans le cadre des deux guerres mondiales, notamment des ratios d'endettement (dettes publiques / PIB) qui tutoyait les 200% après guerre en France et les 300% au Royaume-Uni ainsi qu'un niveau d'inflation particulièrement élevé.
Dès lors, il nous a semblé intéressant d’analyser comment les grandes économies étaient sorties par le haut de ces situations d’endettements excessifs lors des précédentes grandes guerres.
En effet, si la situation actuelle présente des similitudes avec la crise des années 70 (chocs pétroliers), il faut se rappeler qu'à l'époque, les niveaux d'endettement (faibles à l'époque) n'étaient pas du tout les mêmes que ceux qui ont cours aujourd'hui.
C'est dans cet objectif (afin de connaître le niveau de l'inflation pendant et après les deux guerres mondiales) que nous avons récupéré auprès de l'INSEE les données officielles sur l'inflation sur longue période. Notre analyse a également couvert l'analyse des taux directeurs (taux courts), des taux à 10 ans (taux "longs"), du PIB, de l'évolution du ratio d'endettement (dettes / PIB) ainsi qu'un certain nombre d'autres indicateurs.
BILAN DE NOTRE ANALYSE
Nous sommes arrivés à la conclusion que la modification du mandat de la BCE (avec une remise en cause du dogme des 2%) est la seule solution pour sortir par le haut de la situation actuelle.
Vous retrouverez sur une page dédiée, mise à jour régulièrement, un argumentaire complet en faveur d'une modification du mandat de la BCE.
Toutes vos remarques et contributions sont les bienvenues pour alimenter le débat !
Avis aux économistes, journalistes, politiques ou aux simples citoyens pour analyser ces arguments avec objectivité (et sans à priori) et les relayer si vous les trouvez pertinents.
PRIX & DISTINCTIONS
- Trophée d’argent dans la catégorie “Révélation CGP 2019” au Sommet "Patrimoine & Performance"
- Finaliste des Trophées de la Gestion de patrimoine 2021 (BFM Patrimoine)
L'équipe Astyrian Patrimoine